La dissociation ou le clivage
Le clivage et la dissociation sont deux termes désignant un mécanisme de défense en psychologie. Avant d’aller plus loin je précise qu’aujourd’hui vous entendrez plus facilement parler du terme « dissociation » que « clivage » pour la bonne raison que la dissociation désigne plutôt un éloignement et déni d’émotions ou d’évènements traumatiques et est partagé par bon nombre d’entre nous.
La notion de clivage
Le clivage et un terme à l’origine issue du domaine de la psychanalyse et premièrement employé par Freud lors de ses études sur les perversions et les psychoses.
Ce processus désigne le fait qu’il existe au sein du Moi (c’est-à-dire qui je suis en tant que sujet) deux attitudes à l’égard de la réalité et qui permet d’expliquer le comportement des pervers et psychotiques*. L’une des attitudes tient compte de la réalité, des faits et de l’environnement alors que la seconde la remplace par un univers imaginé, fantasmé, fruit d’un désir pulsionnel du Ca (entité psychique qui régit nos pulsions). La particularité étant que ces deux attitudes, totalement séparées et délimitées, ne s’influencent pas et ne communiquent pas entre elles, ce qui laisse place à ce fameux sentiment de « double personnalité », « fausse personnalité, « masque social » que l’on appelle également « faux self ».
Cette fracture nette de la personnalité résulte généralement d’une situation traumatique et permet au sujet d’éviter une trop grande confrontation entre réalité, introjections et interprétations. Pour dire plus simplement : une confrontation mentale entre ses perceptions, la réalité et l’incompréhension angoissante que cela provoque.
Dans le cas de psychotiques et pervers le clivage arrive à l’âge de la petite enfance et la partie des contenus psychiques dont ils se séparent inconsciemment sont généralement à jamais perdus.
*Psychotique : Il y a encore une bonne centaine d’années nous appelions les psychotiques les fous ! Les personnes aujourd’hui en centre psychiatrique et enfermées à des hauts niveaux de sécurité sont notamment des patients atteints de psychoses très sévères au point qu’ils sont dangereux pour eux-mêmes et la société.
La dissociation chez les individus « sains »
Par individu sain je désigne ici les personnes comme vous et moi, qui a priori n’avons pas de problèmes à éprouver de l’empathie ni à reconnaître la présence d’autres individus capables de sentiments (au contraire des personnes psychotiques et pervers).
Dans le cas de la psychothérapie contemporaine on utilise le terme de dissociation pour désigner une attitude post évènement traumatisant et permettant au sujet de s’éloigner des émotions ressenties lors du traumatisme. Ce mécanisme s’associé fréquemment à un autre mécanisme de défense le déni, lui permettant de nier voire d’oublier l’évènement traumatisant en question.
Lorsque le mécanisme du déni se met en place vous allez effectivement refuser puis refouler les souvenirs dans l’inconscient plus ou moins correctement. Si le déni agit parfaitement alors aucune trace du souvenir, en revanche si le mécanisme ne se fait pas complètement certains symptômes comme le fait d’entretenir des relations phobiques, développer des obsessions voire des phobies peuvent être une résultante du déni qui n’a pas réussi à tout refouler dans l’inconscient.
Plot twist : Même si vous parvenez inconsciemment à oublier ces souvenirs, le corps, lui, se souvient ! Cela provoque souvent des difficultés à être en intimité avec une autre personne et une difficulté à se laisser toucher par autrui.
En pratique ça ressemble à quoi ?
Les personnes dissociées émotionnellement vont souvent laisser planer une impression de « non-dits » lorsqu’elles seront confrontées au sujet, à des odeurs, des objets et des situations pouvant leur rappeler l’évènement traumatique.
Une autre forme de dissociation est lorsque la personne déconnecte complètement de la réalité, elle se réfugie alors à l’intérieur d’elle-même et donne une impression d’absence, elle est comme figée et son regard perdu dans le vague. Cette dissociation peut durer quelques secondes à quelques minutes. Lorsque la personne revient à elle, elle éprouve généralement une sensation de malaise et de confusion, possiblement de la fatigue mais sans se souvenir exactement de ce à quoi elle a pensé.
Se reconnecter à soi et affronter l’angoisse
Pour s’en sortir et arriver à se reconnecter à soi il va falloir affronter ses angoisses et ses refoulements.
Pas de panique, même si le terme affronter peut paraître violent la psychothérapie doit permettre d’aborder ce passage de manière sereine, en totale sécurité et confiance ainsi que selon le temps décidé par le consultant. Ce n’est pas parce que cette problématique existe qu’elle doit être abordée dès le début de la thérapie, l’idée est plutôt d’être dans un état psychique stable, avec une reprise de conscience de son histoire, de son corps et de son être avant d’aborder des terrains aussi sensibles.
Si vous êtes concernés n’hésitez pas à en parler, vous faire accompagner surtout ne nier pas vos ressentis. Un trauma n’est pas obligatoirement un évènement précis ou particulièrement violent, il peut aussi concerner des interactions délétères répétés, des systèmes relationnels défaillants ou encore une relation à distance.